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Bolivie - Potosi

Nous voilà partis de la magnifique Sucre, direction Potosi ! La Plata (l’argent), l’ancien nom de la ville, informe mieux sur son glorieux passé minier sous la domination espagnole. À son apogée, la ville comptait plus de 200 000 habitants, faisant d’elle une des plus importantes du monde !! La source de tout cet argent : la montagne nommée Cerro Rico. Elle est exploitée depuis 5 siècles par des esclaves indigènes et africains sous le régime espagnol puis par l’état bolivien et des coopératives minières. Il ne reste que très peu de filon d’argent mais l’exploitation minière constitue toujours aujourd’hui une des activités principales de la ville grâce notamment aux gisements de plomb, de zinc et d’étain. La ville est, depuis 1987, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en raison de son passé mouvementé et de sa magnifique architecture coloniale.

 

Pas une seconde sans aventure en Bolivie !

 

Après 4h30 de trajet, nous commençons à apercevoir la ville de Potosi au pied du conique Cerro Rico. Le paysage est toujours aussi désertique mais les montagnes semblent ici s’être transformées en ville. Les maisons couleur terre de la banlieue s’empilent les unes sur les autres sans aucune hiérarchie apparente.

 

Le bus s’arrête soudain. Nous ne sommes même pas encore rentrer dans la ville. La route longe la montagne pendant encore 2km. Les passagers, tous boliviens, descendent sans broncher (les boliviens ne se plaignent jamais de rien…), enfants, sacs et couvertures sur le dos ! Seul l’homme assis derrière nous peste pour que le bus continue jusqu’à destination.

 

Nous descendons nous aussi du bus et à notre grand étonnement, nous voyons nos sacs allongés sur le sol, à côté du bus. Le chauffeur décharge la calle sans rien demander à personne ! Nico et le bolivien râleur commencent à s’énerver et demandent ce qui l’empêche d’avancer. Il nous montre alors une rangée de pierres sur la route, pierres qu’il suffirait de déplacer pour terminer notre progressions jusqu’au terminal de Potosi… Le chauffeur n’écoute rien, nous décidons donc finalement de suivre le petit convoi de bolivien, se dirigeant vers la ville à PIED !

 

100 mètres plus loin, nous enjambons une deuxième rangée de pierres, puis une troisième : bizarre, trois éboulements ordonnés de la même manière… C’est alors que nous arrivons à un barrage de voitures. Des dizaines de personnes, bâtons et pierres à la main, gardent fermement l’entrée de la ville, empêchant toutes voitures d’y rentrer. Grève de bus ? De taxis ? Après un petit stress, nous passons sans embrouille le barrage et entrons finalement dans la ville, nos lourds sacs sur le dos…

Les rues sont étrangement calmes, aucune voiture, aucun klaxon. Après avoir demandé 10 fois notre chemin dans les rues tortueuses de la banlieue, nous arrivons finalement à notre hôtel, proche du centre. La ville est apparemment en arrêt complet, tout le monde fait grève !

Pour visiter, c’est nickel : toutes les rues sont piétonnes, on peut se promener peinards, c’est paisible et beau.

 

C’est le lendemain que nous commençons à nous inquiéter : les restaurants, le marché central, les magasins, l’office du tourisme… tous sont fermés et aucune des 7 compagnies de bus qui se rendent à Tupiza, notre prochaine destination, ne répond au téléphone !!

 

Nous faisons alors une de nos plus belles rencontre en Bolivie, sous le doux soleil de la place principale de Potosi. Victor Hugo de son prénom, notre nouvel ami a 55 ans et est minier. Il nous explique pendant deux heures tous les points de revendications des habitants, c’est super intéressant et il parle super bien espagnol donc on comprend tout :) Il nous parle ensuite de sa vie de minier et des conditions de travail dans la mine. Mieux qu’une visite guidée, il explique tellement bien qu’on s’y croirait ! Incroyable de se dire qu’il y a peine quelques heures, il se trouvait sous terre, dans cet enfer. Il fait la tournante 22h – 5h du matin…

 

Après ce cours de vie quotidienne, on se donne rendez-vous le lendemain matin : il pense que nous pouvons marcher en direction de Tupiza et prendre un bus qui attend de l’autre côté du barrage qui bloque la ville, à 30 min du centre.

 

… Il nous aura finalement fallu 2h30 et une très longue montée sac au dos pour arriver en « zone libre Â» et prendre un bus pour Tupiza. Le blocage avait été reculé de 5 km depuis la veille… Mais la route longeait le Cerro Rico, Victor Hugo a donc pu nous montrer tout ce dont il nous parlait la veille : le wagon jaune qui remonte le minerai, les entrées des différentes mines, les femmes qui lavent et cassent la pierres à la recherche du minerai pur, les différentes couleurs de la montagne (vert pour le cuivre, jaune pour le zinc, gris pour l’étain, etc), les camions remplis de minerai pur, …

 

Adieu touchant avec Victor et nous voilà partis pour Tupiza !

 

Quelques détails sur la vie des miniers :

  • Ils rentrent par un trou (appelé bouche de la mine) pour descendre par des tunnels creusés au fil des années par des générations de miniers

  • Ils descendent pour 7h de travail dans ce labyrinthe de galeries profond de 300 mètres

  • Quand ils ont épuisé le filon de minerai qu’ils exploitaient et qu’ils n’ont plus la force de travailler, ils ne peuvent pas sortir avant la fin des 7h de travail imposées donc ils boivent, fument et mâchent des feuilles de coca pour se réchauffer et se donner de la force.

  • Le chariot qui remonte le minerai récolté à la surface est tiré à toute vitesse dans les galeries sinueuses, où seuls quelques espaces permettent de se cacher pour éviter de prendre le chariot de plein fouet.

  • Quand les 7h de travail journalier sont terminées, ils doivent remonter à 25 et si un homme s’est perdu, ils doivent tous redescendre le chercher avant de pouvoir sortir…

  • 25 bâtons de dynamite sont nécessaires à chaque nouvelle avancée : 25 détonations espacées de quelques secondes, 25 déflagrations pendant lesquelles il faut se protéger les oreilles pour ne pas devenir sourd et la bouche pour ne pas étouffer dans la poussière.

  • On gagne en moyenne le double en travaillant à la mine par rapport à travailler en ville, beaucoup de Potosinos s’y rendent donc tous les jours, malgré les horribles conditions de travail

 

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